Theatre : Acte 1 - Controle fiscal - pièce de théâtre comique
Début acte 1 - extrait



Le salon d’une maison de village, ancienne, près de Cahors. Faiblement meublé : un canapé, une table basse, une télé, un téléphone. Correctement tenu.
Au premier plan, à gauche, porte donnant sur l’extérieur. Puis une fenêtre.
Au premier plan, à droite, porte ouvrant sur la cuisine (où est située l’ouverture conduisant au grenier).
Au fond, porte ouvrant sur un couloir, vers les chambres et la cave.

Stéphane, allongé dans le canapé. Il lit, s’interrompt régulièrement, se penche, note quelques mots sur une feuille posée sur la table basse.


Scène 1

Entre Aurélie. Une enveloppe en main. Elle regarde Stéphane plongé dans son livre. Il redresse la tête en souriant. Elle lui tend l’enveloppe.

Aurélie (une moue d’inquiétude) : - Trésor public.
Stéphane (prend l’enveloppe) : - Trésor public ! Ils ne vont quand même pas me faire payer la taxe d’habitation !
Aurélie : - Ou alors ils te remboursent la taxe foncière...
Stéphane : - Trop optimiste. J’ai juste téléphoné, j’ai dit mon nom tellement vite que même une dactylo stakhanoviste n’aurait pu le noter. Alors un fonctionnaire !
Aurélie : - Les conversations sont peut-être enregistrées, envoyées en Inde via internet, et là-bas des étudiants en langue française, pour quelques centimes de l’heure, les retranscrivent et les renvoient au service contrôle interne de la direction des impôts, où un logiciel réagit à quelques mots-clés, tout en fournissant des statistiques au chef de service, statistiques primordiales pour dresser le planning des congés payés.
Stéphane : - Tu nous fais une dérive Big Brother is watching you !... et de toute manière il faut avoir plus de 75 ans, c’est la seule solution, il a affirmé le fonctionnaire.
Aurélie : - Les fonctionnaires affirment, confirment et parfois infirment. La loi peut avoir changé ! ou notre vénérable administration vient de commettre la première erreur de sa longue et vertueuse existence !
Stéphane : - Ou une mauvaise nouvelle.
Aurélie : - Sois pas pessimiste. Tu n’as jamais payé la taxe d’habitation... et même si quelqu’un m’avait dénoncée, deux travailleurs indépendants Rmistes n’ont pas à payer la taxe d’habitation.
Stéphane : - Qui aurait eu l’outrecuidance de te dénoncer ?
Aurélie : - Le notaire pardi ! puisque tu ne lui as pas donné l’argent au black qu’il t’a réclamé.
Stéphane : - L’escroc ! Tu crois qu’ils demandent si tu vis ici, pour communiquer l’info au Conseil Général, pour diviser par le coefficient delta notre adorable Rmi.
Aurélie : - C’est ton tour Big Brother is watching you ! Officiellement je vis donc chez ma mère, na ! Et ma chère madame ma mère, même devant vingt-cinq présidents de régions en short, elle le jurerait sur la tête de... mon père ! Elle ne tient quand même pas à me revoir chez elle !
Stéphane : - Trop tard maintenant, impossible de faire l’amour ni de terminer ce chapitre si je n’ouvre pas cette putain de lettre (qu’il tient toujours en main gauche, dans la droite le livre).
Aurélie : - C’est intéressant ta réaction... pour une ancienne étudiante en psycho !... On a beau être honnête, une lettre avec l’emblème « trésor public », ça panique toujours...
Stéphane : - Quand on regarde le vingt heures, on le voit bien, on est que des magouilleurs amateurs...
Aurélie : - J’en suis certaine, jamais personne n’osera la chanter cette chanson. Ils ont tous trop peur d’un contrôle fiscal... Tu crois que c’est une blague de ma frangine cette lettre ?
Stéphane : - Tu la crois capable d’aller aussi loin dans le canular de mauvais goût ?
Aurélie en souriant : - Monsieur Ternoise vous êtes convoqué au centre des impôts de Cahors !

Stéphane ouvre l’enveloppe. Sort la lettre. Commence à la lire. Laisse tomber le bouquin. Pas un mot. Il se fige. Blanc.

Aurélie le fixe. Puis : - Quoi ?
Stéphane sans réaction. Seuls les yeux scrutent chaque mot.
Aurélie : - Quoi ?
Aurélie va s’asseoir près de Stéphane. Il tourne la lettre.
Aurélie lit, se fige, marmonne : - Putain !
Stéphane : - Tu crois qu’on m’a dénoncé parce que dans les salons du livre je demande toujours à être payé en liquide ?
Aurélie : - Nathalie ne serait pas capable d’une telle blague. Avant oui. Et puis j’aurais reconnu son style. Non, c’est pas possible. Ou alors elle a replongé.
Stéphane : - Replongé ?
Aurélie : - Replongé dans un de ses trips loufoques... c’est peut-être difficile à croire pour toi mais elle s’est bien assagie avec l’âge Nat !... je t’ai jamais raconté ! Comme quand elle suivait les vieux dans la rue en notant sur un carnet leurs faits et gestes et le lendemain elle allait frapper à leur porte pour leur demander d’expliquer tel ou tel détour. Le plus souvent les vieux lui répondaient, lui offraient même le café ! ça leur faisait une distraction.
Ou quand elle téléphonait aux Nathalie de l’annuaire, pour leur demander comment elles supportaient leur prénom.
Stéphane : - Tu l’appelles.
Aurélie : - Tu crois qu’elle est debout à onze heures, toi ?
Stéphane : - Essaye quand même.
Aurélie : - Si elle m’envoie acheter du tournesol, je te la passe.
Aurélie se lève, va au téléphone, le décroche, pianote.
Près d’une minute. Puis :
Aurélie à Stéphane : - Je suis certaine, elle a débranché.
Aurélie au téléphone : - Nat ! C’est ton Aurel.

Aurélie : - Je me doute...

Aurélie : - Mais non, on n’a pas retrouvé ton ébauche... Je te l’ai déjà juré, je suis certaine de ne jamais l’avoir vue... on a bien reçu ta lettre... sur le coup on a vraiment paniqué...
Stéphane tout sourire : - Ah ! C’est elle !

Aurélie : - Allez Nat, tu peux le dire maintenant.

Aurélie : - Bon, on y croit encore une minute et après tu nous expliques pourquoi tu nous as envoyé ça.

Aurélie à Stéphane : - Elle joue serré, mais elle va avouer ! Elle fait comme si elle ne comprenait rien à ce que je raconte.
Aurélie au téléphone : - Je disais à Stéph que tu fais comme si tu comprenais rien.

Aurélie à Stéphane : - Elle jure sur la tête de Max Ernest !
Aurélie : - Mais non j’ai pas fumé de graines de tournesol ! Stéphane vient de recevoir une lettre de contrôle fiscal...

Aurélie éloigne le téléphone de son oreille ; à Stéphane : - C’est son célèbre cri « Et tu me réveilles pour ça ! »

Aurélie : - Toi qui as fait des études de droit, tu devrais pouvoir nous aider à préparer...

Aurélie : - Bisous.

Aurélie : - Tu crois que j’ai la tête à te demander ce que tu as peint cette nuit ! Tu nous raconteras tout à l’heure.

Aurélie raccroche : - Super Nat va passer avec tous ses souvenirs. Elle a vendu en mars un tableau à un mec du centre des impôts, elle va rechercher son nom... si c’est lui, elle est même prête à lui en offrir un autre pour qu’il passe au dossier suivant... Je comprends pas comment tu m’as préférée !... Si j’étais un mec, je crois que je pourrais pas résister à Nat.

(...)

controle fiscal entete
Contrôle fiscal, la pièce de théâtre . En français et en espagnol.

Présentation et achat (papier et numérique)



{ au sujet de la traduction en espagnol, vous pouvez également consulter www.ecrivain.es, qui n'est pas un site sur la vie d'un écrivain même pas espagnol }


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